Et voilà, encore un mois de passé. Je regroupe sur cette page tous les poèmes parus le mois dernier que vous avez peut-être ratés.
I
Chanson
J’ai dit à mon cœur, à mon faible cœur : N’est-ce
point assez d’aimer sa maîtresse?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C’est perdre en désirs le temps dubonheur?
Il m’a répondu : Ce n’est point assez, Ce n’est point
assez d’aimer sa maîtresse; Et ne vois-tu pas que
changer sans cesse Nous rend doux et chers les
plaisirs passés?
J’ai dit à mon cœur, à mon faible cœur :
N’est-ce point assez de tant de tristesse?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C’est à chaque pas trouver ladouleur?
Il m’a répondu : Ce n’est point assez,
Ce n’est point assez de tant de tristesse;
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
Nous rend doux et chers les chagrins passés?
Alfred de Musset
Dernier espoir
Il est un arbre au cimetière
Poussant en pleine liberté,
Non planté par un deuil dicté, –
Qui flotte au long d’une humble pierre.
Sur cet arbre, été comme hiver,
Un oiseau vient qui chante clair
Sa chanson tristement fidèle.
Cet arbre et cet oiseau c’est nous :
Toi le souvenir, moi l’absence
Que le temps – qui passe – recense…
Ah, vivre encore à tes genoux !
Ah, vivre encor ! Mais quoi, ma belle,
Le néant est mon froid vainqueur…
Du moins, dis, je vis dans ton coeur ?
Paul Verlaine
Printemps
Voici donc les longs jours, lumière, amour, délire !
Voici le printemps ! mars, avril au doux sourire,
Mai fleuri, juin brûlant, tous les beaux mois amis !
Les peupliers, au bord des fleuves endormis,
Se courbent mollement comme de grandes palmes
L’oiseau palpite au fond des bois tièdes et calmes;
Il semble que tout rit, et que les arbres verts
Sont joyeux d’être ensemble et se disent des vers.
Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre;
Le soir est plein d’amour; la nuit, on croit entendre,
A travers l’ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.
Victor Hugo
À la bien aimée
Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne,
Et ma voile de soie et mon jardin de lys,
Ma cassolette d’or et ma blanche colonne,
Mon parc et mon étang de roseaux et d’iris.
Vous êtes mes parfums d’ambre et de miel, ma
palme,
Mes feuillages, mes chants de cigales dans l’air,
Ma neige qui se meurt d’être hautaine et calme,
Et mes algues et mes paysages de mer.
Et vous êtes ma cloche au sanglot monotone,
Mon île fraîche et ma secourable oasis
Vous êtes mon palais, mon soir et mon automne,
Et ma voile de soie et mon jardin de lys.
Renée Vivien
A l’Heure des Mains Jointes:
N’hésitez pas à me laisser un commentaire sur le ou les poèmes préférés de ce mois ou des précédents. Dans mon cas, j’ai un petit faible pour Chanson d’Alfred de Musset.
Bonne lecture les z’aimais.
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