Et voilà, encore un mois de passé. Je regroupe sur cette page tous les poèmes parus le mois dernier que vous avez peut-être ratés.
Beauté
Sur les quais d’un ancien fleuve envahi d’ennui,
Dans un entassement de pierre et de silence (Fort, pesant très fort, l’heure est sans équivalence)
Je poursuis celle qui s’enrobe dans la nuit.
Je m’arrête parfois et l’aperçois au loin
Qui m’attend sous l’éclat d’un globe nostalgique ;
Follement captivés par le cercle magique
Mes yeux ne la voient pas jouer aux quatre coins.
Je la suis sans pouvoir rassasier ma détresse ;
Nous sommes seuls, partant elle est
seule maîtresse ;
Sur une place encore elle apparaît couchée.
Puis vite devant moi la voici qui repasse :
Dans une
Rolls l’emporte un funèbre cocher.
Triste et gardée alors par des anges rapaces.
Chanson pour Elles
Chansons pour Elles
Ils me disent que tu es blonde
Et que toute blonde est perfide,
Même ils ajoutent
comme l’onde
Te me ris de leur discours vide !
Tes yeux sont les plus beaux du
monde
Et de ton sein je suis avide.
Ils me disent que tu es brune,
Qu’une brune a des yeux de
braise
Et qu’un coeur qui cherche fortune
S’y brûle..
.Ô la bonne foutaise !
Ronde et fraîche comme la lune,
Vive ta gorge aux bouts de fraise !
Ils me disent de toi, châtaine:
Elle est fade, et rousse trop rose
J’encague cette turlutaine,
Et de toi j’aime toute chose
De la chevelure, fontaine
D’ébène ou d’or (et dis, ô pose-
Les sur mon coeur), aux pieds de
reine.
Paul Verlaine

Haute Mer
Haute Mer
Parmi les oiseaux et les lunes
Qui hantent le dessous des mers
Et qu’on devine à la surface
Aux folles phases de l’écume,
Parmi l’aveugle témoignage
Et les sillages sous-marins
Des mille poissons sans visage
Oui cachent en eux leur chemin,
Le noyé cherche la chanson
Où s’était formé son jeune âge,
Ecoute en vain les coquillages
Et les fait choir au sombre fond
Jules Supervielle
Fête des mères
Fête des mères
Il y a plus de fleurs
Pour ma mère, en mon cœur,
Que dans tous les vergers ;
Plus de merles rieurs
Pour ma mère, en mon cœur,
Que dans le monde entier ;
Et bien plus de baisers
Pour ma mère, en mon cœur,
Qu’on en pourrait donner.
Maurice Carême